La région de Lens et plus généralement les richesses souterraines du Bassin Minier du Nord Pas-de-Calais, fût l’objet de convoitise. Ce n’est finalement pas bien étonnant que le front de la Première Guerre Mondiale se situa dans cette région. Le Nord-Pas-de-Calais souffrit énormément de ce conflit. Les villes comme Lens ou Arras fût presque entièrement détruites.
Aujourd’hui, plus de 100 ans après la fin du conflit, des cicatrices demeurent sur ce conflit qui fit plusieurs millions de morts. Si l’histoire est tragique, il est important de se souvenir, de rendre hommage à ces jeunes soldats venus de partout en France, mais aussi parfois des antipodes pour se battre pour notre pays, mais aussi de garder en mémoire les douleurs du passé pour chérir la paix et faire que tout cela ne recommence plus jamais.
Dans cet article, je vous invite à découvrir pendant une journée, les principaux sites de mémoire de la Grande Guerre autour de Lens. Une visite qui se veut résolument optimiste : en cherchant à comprendre le passé, peut-être arriverons nous à vivre en paix dans le futur ?
Sommaire
Visite du Memorial 14-18
En guise d’introduction, je vous invite à commencer votre journée par la colline de Souchez au niveau de laquelle a été construit le nouveau Centre d’Histoire et où se trouve les principaux monuments du Mémorial 14-18. Cette zone est également l’un des principaux centres de mémoire de la Première Guerre Mondiale dans la région de Lens, et à la particularité de rendre hommage à tous les soldats sans distinction de nationalité ou de grades. Vous pouvez consacrer au moins une demi-journée à l’ensemble des trois sites qui le compose :
- Le Centre d’Histoire
- la Nécropole de Notre-Dame-de-Lorette
- l’Anneau de la Mémoire
Le centre d’histoire du Mémorial 14-18
En guise d’introduction à votre journée, je vous invite à découvrir le nouveau centre d’interprétation du Mémorial 14-18. Ce musée permet de découvrir l’histoire du conflit qui a marqué l’Europe et se focalise plus précisément sur les batailles qui se sont déroulées dans la partie Nord de la France. Le musée prend place dans un bâtiment moderne situé en contrebas de la colline de Souchez, un cube de béton noir et de verre imaginé par l’architecte Pierre-Louis Faloci. La scénographie du musée est très moderne et à la particularité de laisser une large place aux photographies d’archives.
Plus qu’un simple rappel historique, la visite de ce musée est particulièrement forte en émotions. Les immenses photographies de la guerre sont parfois terribles à regarder, le ventre se noue, mais en même temps, ce musée réussi à nous faire toucher du doigt ce que pouvait être l’horreur de ce conflit, le quotidien de la boue des tranchées, le sifflement des obus…. La visite m’a profondément émue et m’a permis de réaliser peut être un peu plus ce que pouvait être le quotidien des poilus. C’est sûrement la visite la plus poignante et je suis sûre que les photos que vous verrez feront échos à ce que vous pourrez vous durant la suite de votre journée.
Exposition temporaire Vest Pocket Memories jusqu’au 17 mai 2020
Depuis 2016, mes copines blogueuses Paule-Elise Boudou et Hélène Reuzé parcourent la France et l’Europe en van pour photographier les lieux de mémoires de la Première Guerre Mondiale avec l’appareil photo du poilu, le Kodak Vest Pocket. Elles partagent le récit de leurs aventures sur le blog 1916kilomètres. C’est à l’occasion du vernissage de leur exposition « Vest Pocket Memories« , que je me suis rendue à Lens pour la 3ème fois. Leur travail et leur démarche est passionnant. Les tirages obtenus par le Vest Pocket ont le charme du début de l’argentique. Il en a fallu du travail pour dompter cet appareil capricieux et obtenir les pellicules compatibles (vous doutez bien que cela ne courent pas le rues et c’est en Allemagne et grâce à la magie de l’Internet qu’elles ont pu trouver leurs munitions) pour réussir à réaliser des photographies. Les réglages proposés par l’appareil sont sommaires, le viseur est difficile à maîtriser et le résultat des photos assez aléatoire. On est loin de l’image parfaite obtenue par nos appareils numériques. La surprise est au rendez-vous de chaque développement.
Si vous êtes de passage dans la région, je vous invite à découvrir cette belle exposition qui est prolongée pendant l’été à cause du COVID-19 !
Informations pratiques pour la visite du Mémorial 14-18
Tarifs : Entrée gratuite, audioguide à 3€
Horaires : mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 17h (jusqu’à 18h du 1er avril au 31 octobre). Fermeture annuelle en janvier
La Nécropole de Notre Dame de Lorette
Si j’étais passé en coup de vent à la Nécropole Notre Dame de Lorette lors d’un précédent week-end à Lens, j’au eu cette fois l’occasion de la découvrir plus en détail en participant à une visite guidée (les visites essentielles dont je vous parle plus bas) et qui permet d’apprendre beaucoup de choses sur l’histoire de ce lieu.
Il faut savoir qu’il y avait déjà un petit oratoire avant la Première Guerre Mondiale à l’emplacement de l’église actuelle. Située sur une colline de 165 m, mais dans un environnement plutôt plat, l’emplacement était très stratégique puisque l’on y a une vue imprenable sur la plaine des Flandres et le Bassin Minier. Cette colline fût l’objet de bataille particulièrement meurtrière pour la conquête de cette position. En une année, 188 000 soldats, dont 100 000 français, sont morts pour défendre ou prendre « l’éperon de Notre-Dame-de-Lorette ».
Très rapidement après la fin de la guerre, ce lieu fût choisi pour en faire une nécropole nationale. Les dépouilles des soldats de plus de 150 cimetières d’Artois furent déplacés ici. La nécropole abrite aujourd’hui les dépouilles de plus de 40 000 soldats tombés pendant la Grande Guerre, ce qui en fait le plus important cimetière militaire français.
Les soldats sont regroupés par religion. Les chrétiens sont les plus nombreux et sont disposés autour de l’Eglise. Dans la partie sud-ouest du cimetière sont regroupés les soldats des communautés juives et musulmanes, mais nous n’avons pas eu le temps d’aller voir cette partie.
L’Eglise fait face à une tour lanterne, qui éclaire les environs la nuit à plusieurs kilomètres à la ronde.
L’Anneau de la Mémoire
Juste en face de la Nécropole de Lorette, se trouve le monument moderne de l’Anneau de la Mémoire qui a été réalisé en 2014 à l’occasion du centenaire de la Première Guerre Mondiale.
Ce monument rassemble les noms, sans distinction de nationalité ou de grade, les 600 000 soldats tombés au combat entre 1914 et 1918 dans les plaines de Flandres et de l’Artois et rend hommage à toutes les vies sacrifiées dans la région du Nord-Pas-de-Calais durant la Première Guerre Mondiale, sans distinction de nationalité, de grade ou de religion. Français, Allemand, Anglais, Canadiens, ce sont ainsi plus de 40 nationalités qui sont représentées côté-à-côté.
L’Anneau de la Mémoire est également une prouesse architecturale : cet anneau de 345 mètres de diamètre possède une partie suspendue dans le vide, qui symbolise la fragilité de la Paix.
Voir autant de noms gravés fait froid dans le dos (et d’autant plus que cela ne tient compte que d’une petite partie du front). Il a fallu un siècle pour voir un monument qui honore la mémoire des soldats Allemands au même titre que des soldats Alliés. Avec le recul, cela semble pourtant logique puisqu’au pays ne ressort gagnant à avoir sacrifié sa jeunesse dans un tel conflit.
Les visites « essentielles«
Vous pouvez découvrir ces trois sites en solo, ou en participant à deux visites guidées organisées chaque dimanche par l’office du tourisme de Lens-Lievin.
Visite Guidée 45 min Nécropole et anneau de la mémoire : 4€/personne, le dimanche à 15h
Visite Guidée 45 min le Centre d’Histoire du Mémorial 14-18 : 4€/personne, le dimanche à 16h15
Package pour les deux visites guidées : 6€/personne.
Bon plan : ces visites gratuites le premier dimanche du mois
Découvrir le mémorial Canadien de Vimy
Le Monument du Mémorial de Vimy
Juste à côté de Lens, à quelques kilomètres de route de Souchez, se dresse l’imposant Mémorial canadien de Vimy qui rend hommage au 650 000 jeunes canadiens qui traversèrent l’Atlantique pour combattre avec les Troupes Alliées sur le front occidental de la Première Guerre Mondiale de la Belgique à la France dont 66 000 ne revinrent pas. Plutôt méconnu en France, le site de Vimy situé non loin de Lorette est très connu des Canadiens. Le monument figure même sur les billets de 20 dollars canadiens. Le monument imposant en pierre calcaire de Croatie est construit sur une crête dont la vue embrase la plaine des Flandres. C’est sur cette crête particulièrement stratégique que se déroula de nombreuses batailles dont une particulièrement décisive en avril 1917.
Si la bataille de la crête de Vimy, qui se déroula entre le 9 et le 12 avril 1917 fût une victoire stratégique importante avec une avancée sur le front, elle fût l’une des batailles les plus coûteuses en vies humaines pour le Canada avec 3600 morts et 7000 blessés. Le Mémorial de Vimy commémore à la fois cette victoire et l’implication du Canada dans la Première Guerre Mondiale.
Avant de venir à Lens, je n’avais jamais entendu parler de Vimy, ni même de l’implication des soldats canadiens pendant la Grande Guerre. Pourtant, ce site est très célèbre pour les canadiens qui viennent en nombre s’y recueillir. Depuis que je m’intéresse aux sites de mémoire, je réalise qu’en France, nous ne pensons pas très souvent à visiter ces lieux. Que ce soit les plages du débarquement en Normandie ou les sites de mémoire de la Grande Guerre, les anglo-saxons sont bien plus nombreux à les visiter alors que ces sites commémorent des événements qui se sont déroulés dans notre pays et qui nous ont également fortement impacté. Un autre exemple, c’est seulement lors de mon voyage en Australie que j’ai appris que des soldats australiens et néo-zélandais avaient également participé à la Première Guerre Mondiale ! D’ailleurs, j’ai pu remarquer que les Australiens connaissaient mieux que moi les différentes batailles de ces deux guerres. J’ai eu un peu honte de ma méconnaissance, mais je suis revenue avec l’envie et la curiosité d’en savoir plus sur ces épisodes sombres de notre histoire.
Visite guidée des tranchées reconstituées avec un guide canadien
Ma visite de Vimy commence avec une des visites guidées gratuites organisées chaque jour par des étudiants canadiens (visite d’environ 45 minutes) au départ du Centre d’Interprétation.
Le paysage offert par cette ancienne zone de bataille est étonnant. Plus de 100 ans après la fin des combats, les cicatrices de la guerre est encore là. Le sol est constellé de crevasses d’obus. Les creux les plus profonds ont été causés par des explosions souterraines tandis que les plus petits sont la marque de tirs d’artillerie.
Le guide canadien nous emmène à la découverte des tranchées restaurées entre 1925 à 1927, une visite que j’attendais avec impatience. La visite était passionnante et j’en ai appris beaucoup sur la bataille de la Crête de Vimy. Néanmoins, les tranchées reconstituées ne ressemblaient pas à ce j’avais imaginé. Elles sont bien trop propres et ne reflètent pas la réalité des conflits. Il manque la boue, le froid, le sifflement des obus au-dessus de nos têtes. Elles sont également nettement moins profondes que les tranchées de la guerre. Néanmoins, la visite permet de se rendre compte de leur étroitesse, il est difficile de se croiser, et de l’organisation sur le terrain. Avec la visite guidée, on peut également entrer dans la partie souterraine des tranchées dans laquelle les soldats ont attendus des heures durant le lancement de l’attaque. Il faut s’imaginer des milliers de soldats terrorisés et partagés entre l’attente interminable dans des couloirs sombres, sales et humides et la sortie qui les mènera droit vers l’enfer du champ de bataille. Même plus de 100 ans après la fin de la guerre, le lieu est encore chargé en émotions. Mais ces lieux de mémoire nous permettent aussi de nous rappeler le passé en espérant ne pas refaire les mêmes erreurs. Chérissons la paix et n’oublions pas à quel point elle est précieuse et fragile.
Visite du Centre d’Accueil et d’interprétation de Vimy
En attendant le départ de votre visite, prenez le temps de découvrir la petite mais très intéressante exposition du Centre d’Interprétation de Vimy (ne faites pas comme moi et visiter le dans le sens contraire des aiguilles d’une montre pour avoir l’histoire dans le bon ordre !). Cette exposition est très bien faite et très agréable à découvrir grâce à son interactivité (panneaux explicatifs tactiles avec photos et vidéo, récits à écouter…).
L’exposition retrace l’implication de la jeune nation canadienne dans le conflit qui déchira l’Europe. Par les jeux d’alliance, le Canada, dominion de l’Empire Britannique se retrouvera à devoir prendre part à un conflit situé de l’autre côté de l’Atlantique. D’abord volontaire, la conscription obligera les jeunes canadiens à rejoindre le conflit à partir de 1917. Le pays avec sa population de 7 millions d’habitation subira une perte importante avec plus de 67 000 morts et 173 000 blessés.
Où manger autour de Lorette ?
J’avais pu tester les deux restaurants qui se trouvent à proximité immédiate du Mémorial 14-18. Deux restaurants, deux ambiance, avec un estaminet typique du Nord (qui malheureusment à fermer ces portes depuis 🙁 )et un restaurant bistronomique un peu plus haut de gamme offrant un panorama sur le Bassin Minier.
Mets et Histoires
A la recherche une ambiance chic ou plus romantique, direction le restaurant bistronomique Mets et Histoires, tenu par le chef Olivier Duez, l’ancien chef du restaurant l’Art des Mets à Béthune qui a déménagé ses cuisines ici. Le point fort du restaurant est certainement sa vue panoramique sur le Bassin minier (pensez à réserver une table près de la fenêtre).
Malheureusement pour nous, les groupes sont dirigés vers une salle en sous-sol, dans une salle aveugle. Nous n’aurons donc pas la chance de profiter de la belle vue nocturne sur le Bassin Minier pendant le repas, c’est un peu dommage.
Les assiettes sont très bien présentées, néanmoins j’ai trouvé que les plats étaient inégaux : autant je me suis régalée avec le saumon gravelax en entrée et le fondant au chocolat en dessert, autant j’ai été un peu déçue avec le plat végétarien qui était un risotto aux légumes de « saison » (les légumes n’étaient pas de saison : courgette, poivron, asperges.. en février…en même temps y a-t-il des légumes en février ?) et surtout j’ai trouvé que manquait de parmesan à mon goût (vous reconnaissez là l’addict au fromage 🙂 ).
Je ne sais pas si c’est parce qu’il y avait pas mal de monde ce soir là, où si c’est parce que nous étions au sous-sol, mais le service était assez long. Si vous êtes à la recherche d’un déjeuner/dîner rapide, ce n’est peut-être pas l’adresse qu’il vous faut. Cela ne nous a pas trop dérangés, puisque nous avons pu passer un bon moment et pas mal papoter !
Où dormir près de Lorette ?
Lors de ce troisième séjour à Lens, avec tous le groupe des blogueuses #EnFranceAussi venu à l’occasion, nous avons séjourné dans le gîte et les chambres d’hôtes de l’Heure Bleue à Givenchy en Gohelle, situé à proximité de Souchez et de Vimy. Le site propose 3 chambres d’hôtes de 2 personnes et 2 gîtes indépendants : un gîte pour 2 personnes et un gîte de 4 à 5 personnes. Ces gîtes sont tout équipés avec cuisines, salle de bain et lave-vaisselle.
C’était un cadre idéal pour passer nos soirées entre amies. Le petit déjeuner de la chambre d’hôtes étaient absolument incroyable, mais malheureusement nous avons tellement mangé lors de notre séjour à Lens et durant notre journée à Lorette que nous n’avions plus très faim pour y faire honneur. Celui-ci était composé de fromages, de confitures maisons, de pain, de gâteaux maisons, de yaourt nature, d’un assortiment de fruits… Bref tout ce dont on a besoin pour bien commencer la journée !
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Cet article fait suite à une invitation de Lens-Lievin Tourisme. Néanmoins, je reste libre de la ligne éditoriale et les avis exprimé dans cet article sont les miens
6 Comments
Paule-Elise
13 mars 2020 at 17:17Un bel article très complet sur le tourisme de mémoire autour de Lens ! Merci pour tes gentils commentaires sur notre expo ! C’était super sympa de vous avoir au vernissage !
Anne landois-FAvret
14 mars 2020 at 12:05Très belle découverte ! J’avais entendu parler du mémorial de Vimy, son importance pour le Canada, il est imposant en tout cas. J’ai aussi entendu parler de l’expo Vest Pocket, ça à l’air très intéressant mais je ne suis pas à côté et puis on va éviter de se déplacer en ce moment ! 🙂
Mathilde
19 mars 2020 at 18:32Oui malheureusement je ne sais pas quand est ce que cette exposition sera à nouveau ouverte ! C’est dommage car elle est super intéressante, j’espère qu’elle sera prolongée
Sophie
15 mars 2020 at 22:38Un article très complet comme tu sais le faire.
Mathilde
19 mars 2020 at 18:31Merci Sophie !
Annabelle
21 mars 2020 at 21:42Ce fut un grand plaisir de te rencontrer dans ce cadre touchant et sympathique à la fois et j’espère sincèrement que nous aurons la chance réitérer l’expérience! Et je constate avec un grand sourire que tu mentionnes la conscription! 😉