Le mont Koya-San, dans situé dans la péninsule de Kii au sud du Kansai est un haut lieu du bouddhisme au Japon. Il s’agit d’un grand complexe monastique, comprenant plus d’une centaine de temples, situé sur un ensemble montagneux boisé de 900 m d’altitude. L’histoire de ce site commence il y a 12 siècles, lorsque le célèbre moine Kobo Daishi, décida établir un monastère au cœur des montagnes japonaises du Kansai pour que les moines puissent méditer et prier en paix.
D’après la légende, Kobo Daishi n’est pas mort. Il médite pour l’éternité au monastère de l’Okuno-in, afin d’assurer la délivrance de toutes les créatures vivantes. Cette légende a permis d’entretenir le mythe et l’intérêt des japonais pour Koya-San. Ils se rendent nombreux en pèlerinage depuis plus de 1000 ans !
Dans cet article, je vous propose de découvrir que faire et que voir à Koya-San en 2 jours.
Sommaire
Le guide pratique pour visiter Koya-San en 2 jours
Comment rejoindre Koya-San depuis Kyoto ?
Si notre guide de voyage Lonely Planet évoquait la possibilité de faire l’aller-retour dans la journée depuis Kyoto ou Nara, je ne vois pas bien commence cela est possible puisqu’il faut compter un peu plus de 3 heures de voyage pour rejoindre la colline sacrée. Dans ces conditions, autant dire que l’on a pas le temps de visiter grand-chose, sauf peut-être en se levant aux aurores…
Mieux vaut passer la nuit dans un des nombreux temples proposant l’hébergement, pour mieux profiter de son séjour, et ce d’autant plus que séjourner dans un monastère bouddhiste fait partie des expériences incontournables à faire à Koya-San !
De la gare de Kyoto, nous avons pris un premier train jusqu’à Osaka, puis un autre train jusqu’à Shin-Imamiya, de là nous avons changé pour prendre la ligne Koya Nankay pour Gokuraku-bashi (non couvert par le JR Pass). La ligne devient un vrai tortillard.
A partir d’Hashimoto, il n’y a plus qu’une seule voie. Le train doit donc s’arrêter assez longuement aux stations pour laisser passer les trains évoluant en sens inverse. Heureusement les horaires des différents transports correspondent assez bien, ce qui permet d’optimiser le temps d’attente !
Une fois à Gokuraku-bashi, on emprunte un funiculaire très raide pour rejoindre Koya-San. De la gare du funiculaire, il faut encore prendre un bus pour rejoindre le centre-ville. 3 lignes de bus desservent la ville. Pour savoir quel bus dessert quel temple-hôtel, le plus simple est de s’adresser au personnel du funiculaire (car toutes les explications sont en Japonais…) !
Heureusement, au Japon, et notamment sur la route de Koya-San, non seulement les horaires sont calés pour limiter l’attente entre les différents trains, mais en plus comme d’habitude, tout est ultra ponctuel. Ils ne semblent pas connaitre les perturbations pour bagages abandonnés ou malaise de voyageurs !
Dormir dans un temple bouddhiste à Koya-San
Dormir dans un temple bouddhiste fait partie des choses à faire à Koya-San. Sur les 117 temples qui subsistent, 52 ouvrent leurs portes aux visiteurs. En général, l’hébergement comprend le repas du soir et le petit déjeuner.
L’occasion de découvrir une délicieuse cuisine végétarienne bouddhique : le shojin-ryori. Condamnant le sacrifice de toute forme de vie dotée de conscience, le régime bouddhique est strictement végétalien. Néanmoins, le repas est complexe car il doit obéir à 3 principes : les 5 goûts, les 5 modes de cuissons et les 5 couleurs ! Chaque repas comporte ainsi : un plat grillé, un plat frit, un plat mariné, un plat à base de tofu et une soupe !
Attention : si vous passez la nuit à Koya-San mais que votre hébergement ne propose pas le repas (c’est très rare), il n’y a aucun restaurant ouvert le soir ! Après 17h, Koya-San devient une ville morte. Faites vos provisions avant !
Nous avons résidé au temple Sekishouin à deux pas du cimetière de l’Okuno-in. Je ne sais pas si c’est le cas pour tous les hébergements, mais j’ai été un peu déçue par cette adresse. Je m’attendais à dormir dans un temple traditionnel japonais. Hélas, les chambres sont situées dans une annexe moderne, avec ascenseur, distributeur de bières et wifi dans les chambres… Chambres qui n’ont par ailleurs aucun charme et sont très mal insonorisées, au point d’entendre clairement la conversation de nos voisines qui parlaient pourtant très doucement… Heureusement, on dort quand même dans un futon sur un tatami !
Le lendemain, réveil matinal à 6h30 pour assister à la prière des moines. Nous avons dû louper une explication puisque la prière ne commençait qu’à 7h. C’était vraiment intéressant d’assister aux psalmodies des moines, même si tout cela m’a un peu laissée un peu de marbre… (en même temps tout était en Japonais). Nous avons ensuite dû répandre de l’encens et saluer chacun à son tour une série de petites statuettes, représentant chacune une divinité. A la fin de la prière, le moine en chef nous a remis un petit bracelet porte-bonheur, puis direction le petit déjeuner typiquement japonais (comprenez soupe miso, riz, etc…).
Une chose est sûre, ces moines n’ont pas fait vœux de pauvreté. Au contraire, tout semble fait pour gagner de l’argent. Cette nuit fût de loin la plus chère de notre voyage au Japon… Il faut en effet compter plus de 150 € pour 2 pour passer la nuit dans un temple. Les repas servis étaient délicieux mais frugaux. Pour le dîner, cela ne nous a pas trop gêné, mais à peine le petit déjeuner terminé, nos ventres commençaient déjà à gargouiller… A peine sortis du temple, nous avons cherché le premier combini pour nous acheter quelques gâteaux et combler notre faim.
Hormis cette petite déception, je ne regrette pas mon excursion de deux jours à Koya-San. L’ambiance et la beauté du site valent les efforts que l’on fournit pour le rejoindre !
Que faire, que voir à Koya-San, la montagne sacrée du Japon ?
Visiter l’Okuno-in : le plus grand cimetière du Japon
Arrivés en fin d’après-midi sur Koya-San, nous déposons rapidement nos bagages à notre temple-hôtel. Celui-ci étant situé à deux pas du cimetière de l’Okuno-in, nous commençons notre visite de Koya-San par ce lieu totalement atypique et extraordinaire.
Ce cimetière, qui rassemble plus de 200 000 sépultures au milieu d’une forêt de cèdres centenaires, joue un rôle très important dans la religion bouddhiste au Japon. La croyance veut que lorsque le Bouddha reviendra sur terre, seul le moine Kobo Daishi, (celui qui médite dans le mausolée de Koya-San depuis plusieurs siècles), pourra interpréter son message et sauvera tous ceux qui sont enterrés à ses côtés.
L’ambiance du lieu est complètement incroyable, surtout à la tombée de la nuit. Il en faut moins que cela pour que le plus rationnel d’entre nous commence à croire aux fantômes ! J’ai rarement vu un lieu aussi mystique, où l’on se sent imprégné par la magie environnante.
Après 2 kilomètres de marche entre les tombes, nous arrivons au sanctuaire de Kobodaishi Gobyo. Interdiction de le photographier, il ne faudrait pas déranger la méditation du moine ! Vous n’en verrez donc pas plus. Tout comme vous ne verrez pas non plus les dizaines (ou centaines?) de lanternes qui l’illuminent sans interruption depuis plus de 900 ans (les légendes n’engagent que ceux qui les croient…).
La pagode Taho-to
Le lendemain matin, après le petit déjeuner, nous nous dirigeons vers la pagode Taho-ho. Une pagode en bois de deux étages, construite au XIIIème et classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Le bâtiment, qui pour une fois n’est pas flambant neuf, s’admire uniquement de l’extérieur.
Le site n’est pas très grand, et n’est pas forcément un incontournable de Koya-San.
Randonner le long du chemin de pèlerinage des femmes
Jusqu’en 1872, les femmes étaient interdites dans l’enceinte sacrée de la colline de Koya-San. Les femmes, qui souhaitaient suivre le pèlerinage vers Kumano, devait contourner le village par un chemin spécifique. C’est une partie de ce chemin que nous avons emprunté, l’occasion d’une belle randonnée de 2 heures environ entre les herbes « Silvergrass » (dénommées ainsi à cause de leur reflet argenté) et les paysages de montagnes boisées typique du Japon.
Nous avons obtenu l’itinéraire au niveau de l’office du tourisme de Koya-San. Il y a possibilité de prolonger la randonnée en faisant la totalité du tour de la colline (15 km de marche environ). Comme nous voulions également profiter du patrimoine de la ville et que notre temps était limité, nous nous sommes contentés d’un tronçon déjà très beau entre la monumentale porte Daimon et le cimetière de l’Okuno-in.
Visiter le temple Kongobuji
De retour dans le centre de Koya-San (et après quelques galères pour trouver un restaurant qui servait après 13h), nous nous dirigeons vers le temple Kongobuji. Honnêtement, nous n’attendions pas grand-chose de la visite de ce temple. Nous commencions à nous en lasser après la visite de Kyoto…
Cependant, nous avons été vraiment très surpris par la beauté de ce temple et de ces incroyables panneaux coulissants (hélas interdiction de les photographier), dont les motifs sont de véritables tableaux et d’une grande finesse de réalisation. Des panneaux d’une beauté encore jamais vu depuis le début de notre voyage !
Visiter le complexe monastique Danjo-Garan
Nous finissons notre journée à Koya-San par la visite du complexe monastique du Danjo-Garan, qui rassemble un grand nombre de temples et de pagodes. C’est le début du momiji, l’époque où les érables commencent à prendre leur belle couleur dorée. Je m’extasie presque autant devant ces couleurs que devant les temples millénaires ! La visite est un peu expéditive, il ne nous reste plus beaucoup de temps avant de reprendre le bus pour le long périple qui nous attend pour rejoindre Nara, et nous avions sous-estimé la taille du complexe ! Pas trop de regret : il n’était pas possible de visiter le temple principal à cause d’une cérémonie qui s’y tenait.
Pour plus d’informations, je vous invite à consulter le site de l’office du tourisme de Koya-San, qui – chose rare pour être soulignée – est disponible en français !
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9 Comments
Valérie@EnvieVoyages
6 avril 2016 at 10:42Le moins que l’on puisse dire c’est que cet article est une ode à la tranquillité (sauf durant ton trajet en train… j’adore les rails qui se dédoublent sur quelques mètres).
J’ai voyagé à travers tes photos. Merci du partage
Mathilde
9 avril 2016 at 08:12Le trajet en train est assez tranquille, il est juste interminable 🙂 C’est vraiment sympa de quitter la ville peu à peu et de s’enfoncer dans la nature. Sinon Koya San est une ville mystique, sereine qui invite à la méditation. Un très beau lieu à découvrir au Japon !
Tiphaine
6 avril 2016 at 19:19Superbes photos ! L’ambiance des petits « maisons » me fait penser aux films Ghibli !
tiphanya
11 avril 2016 at 20:41Des photos sont magnifiques. Tu as fait beaucoup de voyages au Japon ?
Mathilde
11 avril 2016 at 22:28Merci beaucoup ! Sinon je suis allée 2 fois au Japon : l’automne dernier et en 2007 pour retrouver mon copain qui faisait son stage la bas! Mon premier grand voyage et le début du virus voyageur hihi !
Cédric
19 avril 2016 at 09:39Salut Mathilde,
Ton article me rappelle des souvenirs de Koya San. Nous n’avions malheureusement pas pu y passer la nuit, mais la seule journée de balade nous avait marqué !
Nous avions eu la surprise d’avoir un peu de neige… Superbe endroit. Tes photos sont superbes.
Mathilde
19 avril 2016 at 21:42Vous avez été courageux de faire l’aller/retour en 1 journée ! Mais cela devait être très beau avec de la neige !
Anne
18 décembre 2019 at 06:57J’épingle sur Pinterest, c’est intéressant tout cela, merci!
Alexandre Le Bris
27 septembre 2024 at 15:54Merci pour cet article ultra complet. Nous ne connaissions pas ce type d’expérience insolite à faire au Japon avant d’y aller ! On garde en tête le nom des différents temples et surtout celui de Sekishouin pour une prochaine fois !