Le massif des Annapurnas est une des plus belles régions pour pratiquer le trek au Népal. C’est aussi une des régions les plus fréquentées du Népal. En avril et octobre, la foule se presse sur le trek du Sanctuaire des Annapurna (ABC – Annapurna Base Camp pour les intimes).
Pourtant, il existe non loin de là, des itinéraires qui sortent des sentiers battus, comme par exemple le trek de Mardi Himal que nous avons réalisé avant d’enchaîner sur ABC.
La région des Annapurnas a été plutôt bien épargnée par les tremblements de terre qui ont secoué le Népal en avril dernier. Le pays a annoncé la réouverture de ces treks. J’ai mis un peu de temps pour me replonger dans mes photos et mes souvenirs de ce voyage, un peu trop bouleversée par les événements dramatiques qui ont eu lieu quelques jours après mon retour en France pour en reparler ici. Cette zone a vraiment besoin du tourisme pour survivre alors n’hésitez pas à y aller si vous êtes tentés par l’expérience. N’hésitez pas à relire également mes conseils sur le choix du trek, que j’avais rédigé juste après mon retour.
Sommaire
Jour 1 : Katmandou – Pokhara – Kande
Départ matinal de Katmandou. La route est longue, sinueuse et dangereuse jusqu’à Pokhara. Au Népal, il n’y a pas vraiment de code de la route. C’est chacun pour soi, le plus téméraire d’abord. Si je redoutais un peu le retour en avion à hélices à la fin du trek, je suis finalement rassurée de ne pas avoir à faire 2 fois ce trajet infernal ! Et encore il s’agit d’une des plus importantes routes du pays !
En fin d’après-midi, nous rejoignons enfin Kande, l’un des points de départ (avec Phedi) du trek de Mardi Himal.
Après une heure de marche facile, nous arrivons au lodge d’Australian Camp où nous passerons notre première nuit dans la région des Annapurnas. Avec les sanitaires et douches chaudes tièdes dans la chambre, il s’agit d’un lodge grand luxe ! Les conditions ne seront pas les mêmes dans les lodges suivants…
Jour 2 : Australian Camp -> Forest Camp (2500 m)
Lever matinal à 6 h pour admirer le lever de soleil sur la chaîne des Annapurnas (invisible la veille à cause des nuages). Découvrir ainsi la chaîne de montagne est un moment inoubliable…
Après un petit déjeuner copieux composé de pancakes à la banane et de pains tibétains (une sorte de beignets frits absolument délicieux, aussi appelé Gurung Bread sur l’ABC), nous partons à l’assaut des forêts de rhododendrons en fleurs. Là-bas, il s’agit d’un arbre gigantesque, grand comme nos chênes.
Après 2 heures de marche, nous arrivons à Deurali, les derniers lodges avant Forest Camp, notre destination du jour. Il est 10h30, il reste un peu plus de 4 heures de marche. Nous devons déjeuner pour tenir nous conseille le guide. Nous n’avons pas vraiment faim, mais soit, c’est parti pour un Dal Bhat : une assiette composée de riz, curry de légume, haricots rouges et épinards. C’est le plat typique du Népal, le guide et les porteurs en mangent à tous les repas. Il faut dire que c’est plutôt bon et équilibré.
A Deurali, le chemin se divise en deux : en partant vers l’ouest on rejoint le sentier de l’ABC par Landruk. A l’est, on rejoint le trek du Mardi Himal. Jusqu’à Deurali, le chemin est plutôt fréquenté, il y a donc pas mal de lodges et le chemin est bien balisé. En bifurquant vers le trek du Mardi Himal, nous quittons les sentiers battus et un peu de la civilisation !
Durant le déjeuner, le ciel se couvre, les montagnes disparaissent peu à peu derrière les nuages. Nous apprendrons bien vite que dans les Annapurnas, le panorama appartient à ceux qui se lèvent tôt. Si le ciel est lipide au lever du soleil, les nuages viennent peu à peu recouvrir les montagnes, plus ou moins rapidement selon les jours. Résultat : un temps chaud et sec le matin, un temps froid et pluvieux l’après-midi. Chaque jour, ou presque, nous avons eu notre lot d’averses, de la petite pluie rafraichissante à la drache de plusieurs heures nous trappant jusqu’aux os.
Ce fût lors de cette première journée de vrai trek que nous avons eu le droit à la pluie la plus forte du séjour. Nous atteindrons Forest Camp trempés jusqu’aux os. Dès le premier jour, la pluie népalaise aura eu raison de mes chaussures en Gore Tex, soit disant imperméables.
Heureusement, le lodge possède une salle commune avec un réchaud à bois. Nous pourrons faire sécher nos vêtements et chaussures. A ce moment, je regrette amèrement de ne pas avoir pris une seconde paire de chaussure légère. Je n’ai qu’une paire de tongs – c’est toujours mieux que rien.
Suite à cette petite mésaventure, nous serons très motivés les jours suivants pour partir tôt et éviter la pluie. De toute façon à 18 h / 19h, il fait nuit noire. Et avec la nuit vient le froid. Il n’y a pas grand-chose à faire dans ces lodges où il y a à peine une petite ampoule pour éclairer. En effet, sur le trek du Mardi Himal, les lodges génèrent leur électricité à l’aide de panneaux solaires. Celle-ci est stockée pour être utilisée le soir. La production permet de couvrir uniquement les besoins en éclairage. Ne cherchez pas de prises pour recharger appareil photos et autres téléphones portables ! Anticipez en prévoyant des batteries ou piles de rechange.
Bref, une fois la nuit tombée, le duvet chaud est la meilleure option. Couchés à 20h, pas de problème pour se lever à 6h !
A Forest Camp, malgré la présence du poêle, le confort est déjà plus sommaire qu’à Australian Camp. S’en est fini des sanitaires dans les chambres et des douches. Une toilette pour tout le monde. Et vu la tête de la douche, on se contentera d’un débarbouillage rapide aux lingettes bébé pour les jours qui suivront…
Voyager hors des sentiers battus c’est bien, mais il faut savoir et accepter renoncer à un minimum de confort. On sera d’autant plus réjoui et émerveillé de retrouver des douches 3 jours plus tard !
Jour 3 : Forest Camp (2500 m) -> High Camp (3500 m)
Pour notre deuxième journée de marche, nous avons encore un gros dénivelé au programme. On monte vite, trop vite.
Entre Forest Camp et Low Camp (2900 m), le lodge où nous déjeunerons, le chemin traverse une forêt assez dense, très verte. Le chemin est balisé, mais si l’on n’est pas attentif, il est possible de se perdre assez facilement. Nous croisons même un guide qui a perdu son groupe… Nous espérons que cela ne nous arrivera pas car notre guide a tendance à tracer pour nous faire avancer plus vite et nous le perdons souvent de vue…
A partir de 3 000 m la forêt de rhododendrons laisse peu à peu la place à de grandes herbes. On croise un troupeau de yacks.
A partir de là, je commence à avoir de plus en plus mal à la tête. Je marche de plus en plus difficilement : le moindre pas m’essouffle. 1er doliprane. Je sais bien qu’il ne faut pas monter si vite si haut. Il est recommandé de ne pas monter plus de 400 m par jour au-delà de 2500 m.
Je sais qu’il s’agit des premiers signes du mal des montagnes avec lequel il ne faut pas rigoler. Mais j’ai envie d’avancer, de voir jusqu’où je peux aller. Je me dis que l’on n’est encore pas si haut que ça, que je peux bien continuer encore un peu. Je suis déjà allée au-delà de ces altitudes, que ce soit au sport d’hiver où lors de mon voyage en Equateur. Mais je réalise qu’à chaque fois que je suis allée si haut en altitude, je n’ai jamais fait d’efforts physiques : au ski je me laisse glisser quelques minutes avant de retrouver des altitudes plus basses, et en Equateur nous étions soit en voiture, soit nous faisions des randonnées en descente (nous montions soit en voiture, soit à dos de cheval)
Comme la douleur reste quand même supportable, je décide de continuer tout en suivant les préconisations : boire beaucoup, marcher lentement, tout en restant attentive à l’évolution des symptômes. Si je continue, c’est aussi car je sais que le lendemain nous redescendrons à Forest Camp et que la situation s’améliorera d’elle-même à ce moment là.
Au bout de 2 heures, les symptômes ne passent pas, sauf quand je fais des pauses. Je prends alors le deuxième doliprane.
Quand je marche, je sens mes veines qui enserrent ma tête comme un étau au rythme de mes battements cardiaques, mes pas sont lourds. Mais on est presque arrivés, alors je m’accroche, plus qu’1h– 1h30 – à ma vitesse et on est arrivé ! Je jalouse mes amis qui n’ont aucun mal à continuer ! Je sais bien que je les ralenti mais je ne peux vraiment pas aller plus vite.
Quel soulagement quand nous arrivons enfin au campement de High Camp ! Cependant, je ne sais toujours pas si je vais pouvoir y rester pour dormir. Il faut que les symptômes disparaissent dans l’heure. Auquel cas je devrais redescendre avec un des porteurs jusqu’au lodge de Low Camp à 3 heures de là… Vu comme j’en ai bavé pour arriver jusqu’ici, je n’ai qu’une envie : rester !
Je suis les préconisations de mon guide : un ½ comprimé de Diamox, des soupes à l’ail, beaucoup de thé. Il faut boire encore plus avec le Diamox qui est un médicament avec un effet diurétique très puissant.
La nuit est longue. Malgré la fatigue, il m’est difficile de s’endormir. Avec l’altitude, la respiration est courte et je suis essoufflée à rester allonger. En plus, le Diamox conjugué aux litres avalés me font me lever sans cesse. Comme j’oublie que nous sommes à 3500 m, je cours sur les 100m qui me séparent des toilettes. Mais au bout de 3 pas, je dois m’arrêter pour reprendre mon souffle et met quasiment 15 min à retrouver mon rythme cardiaque normal…
La Montagne ça vous gagne … ou pas…
Finalement, je fini quand même à m’endormir, la gorge sèche et assoiffée par le Diamox. C’est fou comme un si petit comprimé peut avoir des effets importants ! Cela dit, je n’ai plus mal à la tête et c’est déjà pas mal !
Jour 4 : High Camp (3500 m ) -> Forest Camp (2500 m)
Le trek de Mardi Himal continue jusqu’au camp de base du Mardi Himal, mais cela demande une journée de marche pour faire l’aller/retour depuis High Camp. Nous n’avons pas le temps d’aller jusque là-bas.
Le guide propose un compromis. Un lever à 4h du matin pour aller voir le lever de soleil sur un point de vue particulièrement beau à 2 heures de marche. La veille j’avais décidé que je n’irais pas et j’ai bien fait, car je n’en n’aurais pas été capable physiquement.
Réveillée vers 7h/8h, je décide, en attendant le retour de mes amis, d’explorer les environs et de voir comment je me sens – immobile tout va bien, maintenant reste à savoir si je résiste à l’effort !
Depuis High Camp, la vue est déjà magnifique sur le massif d’Annapurnas South et le Machhapuchhare, la montagne en forme de queue de poisson.
Pulba, l’un de nos porteurs, m’accompagne pour une petite balade dans les environs du lodge. Au début, je me sens un peu gênée car je pensais que balader seule. Mais notre guide lui a surement demandé de veiller sur moi.
Finalement, ce qui devait être juste une petite sortie photo devient une belle balade d’une heure. Grâce à Pulba, j’ai moins peur d’explorer les environs. Et puis, j’ai l’impression qu’il tient à me faire marcher. Après chaque petite montée, je lui dis que je veux faire demi-tour bientôt, tout en continuant.
Cependant, je réalise que j’ai pris la bonne décision en n’allant pas au point de vue. La vue est déjà magnifique ici et surtout l’effort reste très difficile. Même pour les petites montées je marche très lentement, et doit m’arrêter souvent.
Nous revenons ensuite au lodge et m’assoit un moment pour profiter du paysage. Je ne vois pas le temps passer devant ces montagnes si belles. Mes amis finissent par me rejoindre, épuisés après la randonnée matinale
Nous prenons le petit déjeuner et il faut déjà repartir pour Forest Camp.
Je suis ravie de redescendre pour un finir vraiment avec le mal des montagnes ! A ce moment du voyage, je suis à la fois contente de ne pas m’être lancée dans le tour du Manaslu où il faut franchir un col à plus de 5100 m et j’appréhende la fin de l’ABC : vais-je arriver à aller jusqu’au bout ? D’autant plus qu’initialement il est prévu que nous y passions la nuit (le programme du voyage sera ajusté à plusieurs reprises pour nous ajouter des détours)
Cette journée est assez difficile car après la randonnée matinale, mes amis sont fatigués. Il y a encore 6 heures de marches pour rejoindre Forest Camp, que nous atteindrons tout juste avant la tombée de la nuit !
Jour 5 : Forest Camp -> Landruk > Chinu
Dernier jour sur le trek du Mardi Himal. Après Forest Camp, nous bifurquerons dans la vallée de Landruk pour rejoindre le sentier de l’ABC (Annapurna Base Camp). Le sentier qui descend vers Landruk est raide et glissant. Le panorama qui s’offre à nous sur la vallée est magnifique et change complètement des paysages sauvages du Mardi Himal. Là-bas, les paysages portent la main de l’homme. Les montagnes sont aménagées en terrasse pour l’agriculture, de nombreux villages parsèment la vallée, les chemins sont pavés de pierre et visibles de loin… C’est une autre aventure qui commence !
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13 Comments
LaRoux
7 août 2015 at 12:15Superbe!!
Et bravo pour ta une hellocoton 😀
Mathilde
7 août 2015 at 13:09Merci beaucoup ! et merci de m’avoir appris la nouvelle 🙂
Arafinwë
7 août 2015 at 15:59Olahlah tu me fais rêver !
Moi qui adore le Népal, tes photos me transportent, j’adorerais faire le même parcours que toi.
Bises
Ara
LadyMilonguera
7 août 2015 at 23:57Oh la la… Quelle belle aventure !
Nathalie CookieetAttila
8 août 2015 at 10:30Vivant en Belgique, ces altitudes m’impressionnent! Je suis allé à Bogota et il m’a fallu 2-3 jours pour m’habituer à l’altitude (2600 environ). Alors marcher durant plusieurs heures chaque jour pour aller toujours plus haut, chapeau! Je ne suis pas sûre que ma condition physique me le permettrait.
Merci pour ces superbes photos! J’aime particulièrement la vache, quel beau poil!! 🙂
Mathilde
15 août 2015 at 21:51L’adaptation à l’altitude dépend de chacun et de la rapidité avec laquelle on l’atteint. Il est difficile de s’adapter rapidement à des altitudes supérieure à 2500m. On se sent essoufflé même sans effort (quand on dort notamment) mais après quelques jours ça va mieux. En montant progressivement, il y a plus de chance que l’adaptation se passe en douceur 🙂
Xelou
9 août 2015 at 03:04Woaw, impressionnant !
Les paysages sont magnifiques… Par contre, je crois que je ne suis pas au même niveau que toi, j’aurai craqué bien avant pour le mal des montagnes :p
Merci pour le partage, et bravo pour la Une 🙂
Pierre des Bazos en goguette
9 août 2015 at 04:01les photos sont vraiment superbe ! j’accroche énormément avec votre article en tous cas 🙂 le mal des montagnes guette toujours plus ou moins en fonds je trouves ! le niveaux de marche est rude quand même ! j’espère pouvoir découvrir ses lieux aussi .
Letizia
10 août 2015 at 10:29Quel beau récit! Une amie est allée faire un trek au Népal avec un groupe mais le mal des montagnes a gagné deux d’entre eux. Ils ont du être redescendus d’urgence et héliportés à l’hôpital. J’aimerais beaucoup allé un jour au Népal mais l’altitude m’inquiète un peu… C’est quand même différent d’être en altitude et de marcher en altitude…
Mathilde
10 août 2015 at 14:45Le mal des montagnes est ce que j’appréhendais le plus avant de partir. Il est difficile de savoir comment on va réagir à l’altitude. Évoluer en groupe n’est pas si évident car chacun à son rythme et sa propre sensibilité à l’altitude et cela ne dépend pas de sa condition physique initiale…
Marine
11 août 2015 at 10:32Moi qui suis attirée par le Népal tu m’as comblée avec tes photos et tes récits ! Merci pour ce voyage en images et en mots bien détaillé. Belle journée !
Justine
11 août 2015 at 15:07Ton récit donne envie de se lancer, c’est tellement dépaysant, nature, calme… Tout ce que j’aime !
Marion
8 avril 2016 at 16:12Quelle aventure, ça me laisse sans voix ! Ma photo préférée de cet article est la 7ème en partant du début, avec les « banderolles » en premier plan. Je la trouve juste magnifique ! Bien construite et authentique, tout ce qu’il faut pour me faire aimer une photo. Bravo !