Un week-end à la Saline Royale d’Arc-et-Senans

Après avoir visité la Grande Saline de Salins-les-Bains à l’occasion d’un long week-end dans le Jura, je rêvais de retourner dans la région pour visiter la Saline Royale d’Arc-et-Senans, une visite complémentaire puisque ces deux sites majeurs ont permis d’exploiter le sel des sources d’eau salées des montagnes du Jura.

Suite à l’invitation de la Saline Royale à venir découvrir le site en septembre dernier, je vous propose de découvrir avec moi cette étonnante usine dont l’architecture évoque plus un palais !

Disclaimer : cet article est issu d’une collaboration commerciale non rémunérée avec La Saline Royale d’Arc-et-Senans. Je reste toutefois libre de la ligne éditoriale et les avis exprimés dans cet article sont les miens. Cet article peut contenir des liens affiliés. En réservant par eux, vous ne payez pas plus cher et je touche une petite commission qui permet de soutenir le blog.

Visiter la Saline Royale d’Arc-et-Senans, patrimoine mondial de l’UNESCO

A peine arrivée au niveau de la Saline Royale, nous sommes impressionnés par sa porte monumentale en forme de grotte, faisant allusion aux roches d’où sont extraites le sel.

Sur les côtes on distingue deux motifs représentant l’eau salée s’écoulant par des orifices, des éléments architecturaux qui seront repris de nombreuses fois à l’intérieur du bâtiment.

En passant la porte, on découvre un site incroyable imaginé par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux avec des bâtiments de style néo-classique organisé en arc de cercle. Un site dont l’architecture nous évoque plus un palais qu’une usine ! Et pourtant, ce site était bien un site industriel permettant de produire du sel à partir de sources d’eau salée.

Petite histoire de la Saline Royale d’Arc-et-Senans

Le projet de la Saline Royale d’Arc-et-Senans fût initié par Louis XV pour valoriser les eaux de saumure peu concentrées de la Grande Saline de Salins-les-Bains.

L’extraction du sel dans le Jura est un sel ignigène : c’est-à-dire qu’il est obtenu en faisant chauffer et évaporer l’eau de sources naturellement salées présentes dans le sous-sol jurassien. L’exploitation du sel à Salins-les-Bains est très ancienne puisqu’elle remonte au Néolithique. Au fil des siècles, le procédé s’est transformé et modernisé pour augmenter les rendements. Le procédé est très gourmand en énergie et nécessite des quantités de bois assez phénoménales pour apporter la chaleur nécessaire à l’évaporation de l’eau.

A Salins-les-Bains, seuls les eaux les plus fortement chargées en sel sont exploitées. L’idée de Louis XV est d’augmenter la production de sel en valorisant les eaux peu concentrées. Mais cela demande une quantité de bois trop importante en terme de logistique pour l’amener jusqu’à Salins-les-Bains. Il semble alors plus simple et plus économique de transporter les eaux salées par des canalisations construites en bois avec des troncs d’épicéa, jusqu’à Arc-et-Senans située à quelques kilomètres de là à proximité d’une importante forêt.

Les canalisations sont construites en suivant les courbes de niveau et non pas en prenant le chemin le plus court entre les deux villes, afin de permettre un écoulement gravitaire des eaux.

Un bâtiment de graduation construit à l’extrémité du saumoduc permet d’évacuer naturellement une partie de l’eau pour la concentrer en sel avec un apport d’énergie limité : pour cela un ingénieux système distribue l’eau à travers une tuyauterie percée de petits trous pour s’étaler sur des fagots d’épicéa de manière à favoriser l’évaporation de l’eau avec le soleil. En réalisant ce procédé environ 5 fois, la concentration de l’eau en sel passait de quelques grammes par litre à plus de 20 grammes par litre.

L’eau salée obtenue était ensuite chauffée pour évaporer l’eau jusqu’à atteindre la concentration permettant d’obtenir la cristallisation du sel.

La Saline Royale est à la fois une usine et un lieu de vie pour les berniers, les ouvriers du sel. Le sel ayant une grande valeur à l’époque où c’était le seul moyen de conserver les aliments, les ouvriers qui travaillaient à Arc-et-Senans mais aussi à la Grande Saline de Salins-les-Bains vivaient sur place pour limiter le risque de vol.

Après la Révolution Française, la Saline est privatisée. Avec l’arrivée du train, la Saline peut être approvisionnée en charbon, un combustible moins cher et plus énergétique que le bois. Cependant, l’arrivée du chemin de fer fait également fortement baisser les coûts de transport du sel marin, un sel bien moins couteux à produire. Ne pouvant faire face à cette nouvelle concurrence, la Saline ferme ses portes en 1895. Abandonnés et pillés, les bâtiments seront endommagés par un incendie en 1918. Les bâtiments sont rachetés par le département du Doubs en 1927. Trois importantes campagnes de restauration permettront au site de retrouver sa splendeur d’antan.

En 1982, la Saline Royale d’Arc-et-Senans est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. C’est le premier site industriel à être classé avant d’être rejoints par de nombreux autres. Cette inscription sera étendue en 2009 à la Grande Saline de Salins-les-Bains, deux sites complémentaires et indissociables de la production de sel ignigène dans le massif du Jura.

Visiter la Saline Royale avec l’Histopad

L’Histopad est un dispositif numérique servant de support pour la visite de la Saline Royale inclut dans le billet d’entrée. Ce support permet une visite interactive guidée et ludique pour les enfants grâce à un programme qui leur est dédié.

L’exposition Histoire de Sel

L’exposition Histoire de Sel située dans la Maison du Directeur, permet d’en savoir plus sur le sel, un élément indispensable à la vie qui a pendant longtemps été difficile à obtenir, notamment lorsque l’on habitait pas près de la mer.

Dans cette exposition vous découvrirez les différentes manières d’extraire le sel et vous en saurez plus sur l’exploitation du sel à Arc-et-Senans.

L’exposition est actuellement fermée pour se refaire une beauté. Les espaces d’exposition seront modernisés et réaménagés pour une réouverture prévue à partir du 18 décembre 2022 !

Le Musée Claude-Nicolas Ledoux

L’un des bâtiments de la Saline Royale est dédié à l’architecte de l’usine : Claude-Nicolas Ledoux, un architecte du 18ème siècle style néo-classique. Malgré sa grande production de son vivant, on le considère parfois comme un architecte « maudit » car la quasi-totalité de son œuvre a soit été détruite soit n’a jamais été réalisée. La Saline Royale est l’un des rares bâtiments ayant traversé le siècle.

Claude-Nicolas Ledoux est connu notamment pour la barrière d’octroi de Paris : un ensemble de 57 portes de péage érigé par Louis XIV pour entrer dans Paris (il ne reste plus que le bâtiment de la Rotonde à Stalingrad) ou encore le théâtre de Besançon, très novateur pour l’époque, qui va révolutionner l’aménagement des théâtres avec la fin des loges cloisonnée et l’installation de l’orchestre dans une fosse. Malheureusement, le théâtre brula en 1958 et seule la façade principale fut épargnée. La salle intérieure fût reconstruite en suivant un aménagement moderne.

Après la proposition d’un premier projet architectural très symétrique qui choque et qui est refusé par Louis XV (beaucoup trop de colonnes pour une usine, pas de bâtiment prédominant mettant sur pied d’égalité la direction et les ouvrier), Claude Nicolas Ledoux propose une construction de la Saline Royale sur un plan en demi-cercle. Au centre, s’élève la maison du directeur

Claude Nicolas Ledoux est également un architecte utopiste pour qui l’architecture doit rendre la société meilleure. La moitié du musée est consacrée à l’œuvre qui n’a jamais été réalisée : la cité idéale de Chaux, une cité socialiste utopiste universelle qui serait construite à partir de la Saline Royale, de manière à compléter un cercle parfait, inspiré de la course du Soleil.

Pour cela, Claude-Nicolas Ledoux imagine de nombreux bâtiments au service des habitants de la cité afin de leur offrir une vie sociale harmonieuse : des bains publics, un pacifère (lieu dédié au règlement des conflits), une Maison d’Union (lieu de rencontre entre les différentes corporations qui travaillent à la Saline), une Maison d’Education et même un Oikema (une maison close) à la forme évocatrice !

Son travail inspirera l’utopie de phalanstère du philosophe Charles Fourier, qui inspira lui-même Godin et son familistère à Guise dans l’Aisne.

L’ exposition « Une Mémoire du lieu »

L’exposition temporaire « Charles Belle, peindre »

Suite à l’incendie de 1918, la totalité des machines permettant la production de sel ont été perdue. Les berniers ont été superbement rénové à l’aide d’une charpente en béton armé. Ils accueillent ainsi que certaines pièces de la maison du Directeur des expositions temporaires. Lors de ma visite , j’ai ainsi pu découvrir l’œuvre de l’artiste Franc-Comtois Charles Belle qui était à l’honneur.

Visite des Jardins permanents de la Saline Royale

Tout autour des bâtiments de la Saine Royale ont été plantés différents jardins thématiques. Initialement, cet endroit accueillait le festival des Jardins avec des compositions qui changeaient chaque année. Maintenant que le festival a été déplacé au niveau du jardin derrière la Saline, cet endroit accueille des jardins permanents. La balade à travers ces créations paysagères est particulièrement agréable.

Ces jardins ont été imaginés selon le concept du « Jardin en Mouvement » du paysagiste Gilles Clément, qui vise à présenter le végétal sous ses différents aspects : la graine, le sol, la vie, l’adaptation, la photosynthèse, la collaboration. Ils ont également été créés de manière à ce qu’ils aient un intérêt quelle que soit la période de la visite. Et je vous confirme que c’était le cas puisque fin septembre, ils étaient encore très fleuris !

Ces jardins se veulent ludiques, pédagogiques et poétiques. Ils offrent aussi d’agréable bulles de repos pour se poser au cours de la visite.

Le Projet paysager « Un Cercle Immense »

Le projet paysager « Un cercle Immense » vise à donner vie symboliquement à la cité idéale de Chaux imaginé par Claude-Nicolas Ledoux. Il n’était bien sûr pas imaginable de construire les bâtiments imaginés par l’architecte. Le projet proposé est donc uniquement paysager. Ce jardin en demi-cercle inauguré en 2022 permet de compléter le cercle de la Saline Royale.

Etant tout récent, les arbres tous juste plantés n’ont pas encore eu le temps de prendre leur ampleur mais d’ici quelques années, ils devraient apporter leur ombrage. C’est déjà assez incroyable de voir à quel point le jardin a rapidement pris sa place puisqu’en février 2022 tout n’était encore que terre.

Le projet est un cercle immense est constitué par différentes parties :

• une promenade comestible : des arbres fruitiers plantés à l’extérieur du cercle apporteront des fruits aux promeneurs. Les arbres ont été plantés de manière logique en fonction de leur maturité. Ainsi, chaque mois apporterons des fruits différents !
• les jardins éphémères du Festival des Jardins : auparavant le festival des jardins se tenait dans le demi-cercle de la Saline. Desormais il se tiendra dans le Cercle Immense. Ces jardins sont réalisés chaque année autour d’une thématique différentes par des étudiants paysagers.
• des jardins thématiques qui viennent compléter ceux de l’autre demi-cercle

J’ai été étonnée que lors de ma visite qui s’est déroulée à la fin du mois de septembre il y avait encore autant de fleurs. C’est vraiment un endroit à découvrir au fil des saisons et qui deviendra encore plus majestueux dans quelques années lorsque les arbres auront grandi.

Où dormir ? Loger à l’Hôtel de la Saline 3*

Il est possible de séjourner au cœur de la Saline Royale : l’Hôtel de la Saline dispose de 31 chambres disposées dans les bâtiments de la Saline. Les chambres sont sobres mais confortables. Elles disposent toutes d’une salle de bain privative avec douche ou baignoire, d’un coin bureau. De ma chambre j’avais une superbe vue sur la Saline. C’est vraiment une chance inouïe que de pouvoir dormir ainsi dans un lieu historique !

Attention certaines chambres sont accessibles uniquement par un escalier. Pour toute demande pour une chambre accessible aux personnes à mobilité réduite il convient de contacter directement l’hôtel.

Le petit déjeuner se prend au restaurant de la Table des Jardins. Le buffet est superbe et très copieux, de quoi prendre des forces pour bien commencer la journée !

Dégustation les produits locaux à la fruitière vinicole d’Arc-et-Senans

Situé juste en face de la Saline Royale, n’hésitez pas à faire un tour à la boutique de la fruitière vinicole d’Arc-et-Senans pour découvrir les vins du Jura comme le vin d’Arbois ou encore le célèbre vin jaune mais aussi déguster et ramener avec vous une délicieuse tranche de comté. Celui-ci est proposé avec un emballage sous vide, parfait pour le transport !

Où manger autour de la Saline Royale

La Table des Jardins, le restaurant de la Saline Royale

En saison (tous les jours en juillet/août) et tous les week-ends et jours fériés en juin et septembre vous pouvez vous restaurez au restaurant de la Table des Jardins situé au cœur de la Saline Royale. Le restaurant propose des formules plat du jour, ainsi que des tartes salées (8€ en 2022) et des sandwichs (6€ en 2022) avec la possibilité de manger à l’intérieur ou en terrasse dans les jardins.

Le Bistrot de Port Lesney

Pour diner autour de la Saline Royale, je vous recommande l’excellente adresse du Bistrot de Port Lesney situé à 5km de route d’Arc-et-Senans, une excellente adresse « Maitre Restaurateur » proposant des plats entièrement fait maison des produits frais et de saison. Ce restaurant est récompensé par un Bib Gourmand Michelin remis aux meilleures adresses en terme de rapport qualité-prix.

Côte budget, comptez 40€ pour un menu entrée/plat/dessert (menu végétarien à 35€).

Fermé le mercredi soir et le jeudi, réservation conseillée

Le Bistrot de Port Lesney, Place du 8 Mai 1945, 39330 Port-Lesney

Que voir autour de la Saline Royale ?

Pour compléter la visite de la Saline Royale d’Arc-et-Senans, je vous conseille de vous rendre à Salins-les-Bains pour visiter la Grande Saline, elle aussi classée au Patrimoine Mondiale de l’UNESCO. Située à quelques kilomètres de route, c’est d’ici que partait le saumoduc transportant les eaux salées à faible concentration de sel en direction de la Saline d’Arc-et-Senans.

Les deux visites sont vraiment complémentaires puisque la Saline de Salins-les-Bains n’ayant fermé ces portes qu’en 1962, une importante partie de l’appareil de production, dont certains mécanismes datant du Moyen Age ainsi que les fours pour l’évaporation de l’eau ont été conservé.

Retrouvez par ici mon article sur Salins-les-Bains et les choses à voir dans le Jura.

Comment venir à Arc-et-Senans sans voiture ?

Comment venir à Arc-et-Senans en train ?

Rien de plus facile pour venir à la Saline Royale d’Arc-et-Senans puisque celle-ci est situé à seulement 150 m de la gare d’Arc-et-Senans situé sur la ligne de TER reliant Besançon à Lyon via Bourg-en-Bresse.

Il faut compter au minimum 2h30 de train depuis Paris via une correspondance par Dole. Le temps de trajet peut varier pas mal en fonction des heures, notamment le dimanche car il y a moins de train.

Comment venir à Arc-et-Senans en train + vélo ?

Une piste cyclable a été aménagée sur le parcours de l’Eurovelo 6 (Bâle/Nevers) pour rejoindre Arc-et-Senans en sécurité. Vous ne trouverez pas de loueurs de vélo à Arc-et-Senans, mais cela peut être une idée sympa de louer un vélo à Besançon ou Dôle et de venir jusqu’à Arc-et-Senans par la piste cyclable ! Il faut compter environ 50 km depuis Besançon et 35 km depuis Dôle.

Une idée peut être également de faire Besançon-Dôle sur l’Eurovélo 6 avec le détour par Arc-et-Senans et revenir à Besançon par la ligne de TER qui permet le transport gratuit des vélo.

Si vous souhaitez venir avec votre vélo depuis Paris, il est possible de venir avec son vélo via les lignes de TER Paris-Dijon puis Dijon-Dole ou Besançon.

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